Un Villeparisien raconte
Extrait d’un conte de Jacques Lime : recueil Epiphanies Contes d’ici et d’ailleurs
Jacques Lime est né à Villeparisis en 1920. Il épousa Jeannine Arpin, (originaire de Villeparisis également) en 1942. Ils eurent 4 filles (les 3 premières nées à Villeparisis), 11 petits-enfants (dont une habite encore Villeparisis), 17 arrière-petits-enfants
Il débuta sa carrière dans la police au commissariat de Mitry-Mory (Officier de Police : Inspecteur divisionnaire honoraire de police à Grasse au moment de sa retraite).
Il rédigea une trentaine de livres (dont le dernier en 2011) (poèmes, récits autobiographiques, Histoire…) dont 6 consacrés à Villeparisis et à son histoire ; il est décédé en 2011.
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Le narrateur rêve d’une promenade guidée dans le Villeparisis d’autrefois et entraîne le lecteur chez les Balzac et Madame de Berny
(……….) Mon guide intervint : « Voici la maison des Balzac, achetée par le père mis à la retraite vers 1819 et vendue en 1827. Le fils y fit des apparitions irrégulières et fut un de nos concitoyens pendant près de dix ans, car il revint encore à Villeparisis après le départ de ses parents pour voir la famille de Berny avec laquelle il était lié et qui habitait à l’autre extrémité du pays. »
La maison des Berny
(…)
« Mais n’a-t-on pas dit qu’il avait eu une liaison avec Madame de Berny ? »
« Il se peut, répliqua le vieillard, car Honoré de Balzac avait l’occasion de venir chez elle pour donner des leçons à ses enfants. Il cherchait à se lier avec des femmes (…) qui pourraient l’aider dans ses débuts littéraires. Il avait une conception particulière de l’amour, il écrivit à Laure : « Qu’elles soient riches, aimables ; pour jolies on n’y tient pas…Le vernis passe et le fond du pot reste. »
Laure de Berny
(…)
En entrant dans le salon de la maison des Balzac, « je fus surpris par le nombre des occupants (..)Trônant dans son fauteuil, le Père Balzac ressemblait à une statue.(…) La grand’mère maternelle, vieille dame, ne paraissant guère plus âgée que son gendre, occupait ses doigts à repriser des vêtements usagés. Sa femme, dame qui s’écoutait vivre, ou plutôt mourir, était en foncée dans un autre fauteuil où elle semblait ne pas tenir en place. Elle gémissait sans cesse en se tenant la tête et était d’une nervosité extrême.(…)
Laurence, qui fréquentait déjà Monsieur de Montzaigle, seigneur de Villeparisis, frôlait de ses doigts le clavier du piano caché dans un coin du salon, près de la fenêtre. Pendant ce temps, Honoré, jeune homme d’une vingtaine d’années affalé sur un gros pouf, s’efforçait d’aligner sur des feuilles de papier empilées sur ses genoux, l’essentiel de son dernier roman. A un moment donné, il interrompit sa sœur Laure, à peu près du même âge que lui, celle qui devait épouser Monsieur Surville, l’ingénieur qui fit des travaux de réfection au canal de l’Ourcq, dans la commune. Laure arrêta la machine à coudre, d’invention récente, pour lire la feuille que son frère lui tendait, en ayant l’air de la consulter. Ce qui ne parut pas enchanter Henry, le benjamin, accroupi au pied de la machine et qui contemplait le mouvement des pieds de sa sœur.(….)
Alors mon guide m’entraîna vers de nouveaux horizons villeparisiens.
Maison des Balzac
Source : Balzac et Madame de Berny , extrait du recueil Epiphanies de Jacques Lime (ouvrage qu’il est possible de consulter au Musée)