1982
ERRO
Du 20 février au 25 avril 1982
Cette exposition comprend des œuvres anciennes et récentes présentées par séries.
Le catalogue est constitué par 8 lithographies originales qui, convenablement assemblées, forment une scène unique. Au verso de ces 8 lithographies, 7 informations ont été rédigées par Gilbert Lascault. L’exposition et le catalogue ont été conçus et organisés par Jacques Guillot.
L'artiste peintre islandais Erró, de son vrai nom Gudmundur Gudmunson, est né à Ólafsvík le 19 juillet 1932.
Il étudie l'art de 1949 à 1954 à Reykjavik, puis à Oslo en Norvège et à Florence en Italie. En 1955, il entre à l'École de mosaïque de Ravenne. Il s'installe à Paris en 1958 où il rencontre des artistes, des écrivains et des critiques liés au mouvement surréaliste : Breton, mais aussi Matta, Brauner, Masson, Max Ernst, Man Ray, Miro et Duchamp
Citations d’Erro
"J'avais douze ans, quand j'ai commencé à peindre et j'étais tout seul à la campagne."
"Le collage, c'est la partie la plus excitante de mon travail, la plus libre; c'est presque une écriture automatique. C'est là que je trouve des solutions formelles pour saturer l'espace, mon côté "all-over", comme on dit pour les artistes abstraits américains. Le collage c'est à la fois l'original et le modèle."
"J'utilise la technique rapide de la fresque que j'ai apprise en Italie. Il faut terminer l'image avant que la peinture ne sèche."
"Il n'est pas question de copier tout simplement le collage préparatoire, le projet se transforme au fur et à mesure que je le transpose sur la toile. C'est la main qui contrôle tout."
"Mon premier nom d'artiste était Ferro. Je l'avais trouvé à la suite d'un voyage en Espagne, en 1952. J'avais alors vécu une semaine dans un village, Castel del Ferro. J'avais trouvé ce nom très beau, d'autant plus qu'en islandais, "fer ro" signifie "la tranquillité qui part". Je ne savais cependant pas qu'à Montmartre il y avait un artiste brésilien, Gabriel Ferro. Or il y a une loi en France, de la période de Vichy, qui stipule que les étrangers ne peuvent pas prendre le nom d'un artiste déjà existant. J'ai donc eu un procès, que j'ai perdu deux fois. Avec Jean-Jacques Lebel, on a alors pensé écrire ce nom avec trois "r", mais cela n'a pas été accepté. Finalement, au tribunal, on a décidé d'enlever le "F". Cela m'a plu. Et en islandais "er ro" veut dire "maintenant c'est calme".
Source : catalogues des expositions ( prêt de M.Daugé)
Erro : vu par M.Nanne-Brahammar
« Erro est le pseudonyme du plus grand artiste contemporain de l’Islande. Depuis longtemps il a laissé l’ile d’Edda tissée de légendes et partage son temps entre Paris et Bangkok.
Sous le nom de Gudmundsen, Erro voit le jour en 1932 à Olafsvik en Islande. Très tôt résolu à s’exprimer par la peinture, il étudie les arts plastiques à l’Ecole des Beaux-arts de Reykjavik et ensuite celle d’Oslo. En 1953 déjà, le Nord devient pour lui trop étriqué et il commence son expédition conquérante dans plusieurs pays comme Cuba, en France, en Israel, en Italie, en Thailande, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Là, il se heurte à des impressions neuves, des expériences nouvelles qui, dissoutes dans l’héritage de son pays natal, le rendent tout à la fois unique et contemporain.
Il a donc pu exposer dans le monde entier. Les Islandais ont, depuis longtemps, un vif intérêt pour les récits historiques, « Heimskringla » de Snorri Sturlafson qui sont de célèbres chef-d’œuvres littéraires. Ce n’est peut-être pas chercher trop loin de prétendre qu’Erro, dans ses œuvres pop, continue aussi la tradition en décrivant, chapitre par chapitre, l’histoire contemporaine, mais les thèmes de ses séries sont culturels, politiques, techniques, traitant de questions brûlantes en mettant l’accent sur les problèmes des pays industrialisés en face des tragédies des pays en voie de développement, etc…Il est, en l’occurrence, très versé dans la teneur de ses objectifs et incontestablement tien ne lui échappe. Il prend rarement parti mais enregistre et traduit. Par cette langue fougueusement imaginative, l’art est ainsi revitalisé.
Les peintures d’Erro, aux racines pop américaines, possèdent aussi l’empreinte de ses ancêtres les Vikings, leur force primitive dans l’expression et leur vitalité farouche. Avec ses séries de tableaux, il se tourne vers un public sursaturé, stimulé par les mass media et la publicité. Son écriture associe la clarté de la série d’art populaire et des couleurs illustratives, aux irrationnelles incursions du collage. L’individu contemporain est dépaysé devant des compositions univoques et le rythme épique. Il est souvent bombardé par des impressions diverses éprouvant souvent la réalité comme subsidiaire. Le monde d’aujourd’hui peut sembler très éloigné du royaume des légendes de Heimskringla, mais dans son histoire, il est aussi question des mêmes cruautés, des mêmes intrigues et des mêmes injustices. »
Article paru dans Avenir de Villeparisis, février 1982, cité in extenso.( archives de l'association Villeparisis et son passé)