BALZAC et MADAME de BERNY
Séjour en Touraine
JUIN à SEPTEMBRE 1830
La Grenadière
En 1830, Balzac avait loué à Saint-Cyr-sur-Loire la closerie de la Grenadière pour y venir avec Mme de Berny. Il la conduisit de là dans la vallée de l’Indre qu’il voulait absolument lui faire voir.
La Grenadière est une petite habitation située sur la rive droite de la Loire, en aval et à un mille environ du pont de Tours. En cet endroit, la rivière, large comme un lac, est parsemée d'îles vertes et bordée par une roche sur laquelle sont assises plusieurs maisons de campagne, toutes bâties en pierre blanche, entourées de clos de vigne et de jardins où les plus beaux fruits du monde mûrissent à l'exposition du midi. [...] La Grenadière, sise à mi-côte du rocher, à une centaine de pas de l'église, est un de ces vieux logis âgés de deux ou trois cents ans qui se rencontrent en Touraine dans chaque jolie situation." (La Grenadière, Pléiade, t. II, p. 421)
Cette promenade fut un splendide renouveau de leur amour. Balzac avait trente ans, elle en avait plus de cinquante ; mais dans son élégance, sa simplicité, sa distinction, elle gardait cette ultime jeunesse qui la rendait si séduisante.
Il l’aimait et il lui était reconnaissant de tant d’amour. Il avait voulu lui montrer le délicieux pays où se passerait le roman dont elle serait l’héroïne : Le Lys dans la Vallée sous les traits de Madame de Mortsauf.
Il lui raconta le baiser sur ses épaules alors qu’elle était assise sur le canapé lors du bal à l’occasion des fêtes du duc d’Angoulême, comme le baiser sur le banc dans le jardin de Villeparisis.
Il ne lui avait pas raconté tout du merveilleux roman qui s’échafaudait dans sa tête et dont il n’avait encore écrit que le commencement.
Le lys dans la Vallée parut en 1836.
Avant de mourir, Madame de Berny put le lire et elle lui écrivit : « Le Lys est un ouvrage sublime. Je puis mourir : je suis sure que tu as sur le front la couronne que je voulais y voir ! »
Sources : La Touraine de Balzac d’Albert Arrault