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Par villepage
Balzac, Hugo et Sand : le droit d’auteur
Quatre ans après avoir alerté sur le sort réservé à ceux qui vivent de leur plume, Balzac crée, il y a près de 200 ans, avec Hugo et Sand, la Société des gens de lettres. Objectif : défendre les droits d’auteurs.
Honoré de Balzac et d’autres auteurs ont défendu, dès les années 1830, le droit d’auteur. Une perspective qui faisait déjà débat à cette époque.
Paris, le 1er novembre 1834, Honoré de Balzac prend sa plume pour adresser une « Lettre aux écrivains français du XIXe siècle ». Une missive en forme d’appel :
« Chacun de vous les connaît, en parle dans l’intimité, mais personne n’ose ni se plaindre publiquement ni proposer un remède à nos maux », écrit l’écrivain le plus lu de l’époque. « La loi protège la terre ; elle protège la maison du prolétaire qui a sué ; elle confisque l’ouvrage du poète qui a pensé. »
Le pionnier du droit moral
Le 28 avril 1838, Balzac et une cinquantaine d’écrivains, dont Victor Hugo, George Sand, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas, se réunissent chez Louis Desnoyers, directeur du fameux journal Le Siècle. Ensemble, ils élaborent les statuts de la Société des gens de lettres (SGDL). La raison sociale de cette association inédite ?
« Défendre le droit moral et les intérêts patrimoniaux et juridiques des auteurs de l’écrit. » Droit et intérêts des contemporains, mais aussi des générations futures.
L’année suivante, Balzac en devient le président. Et il se met au travail, tel un forçat de l’écriture qui carbure au café. En 1840, il rédige un code littéraire comptant 62 articles répartis en 6 sections, encadrant les contrats de cession des droits de l’écrivain, exigeant le respect de l’intégrité des œuvres de l’esprit et établissant le droit de paternité. En mars 1841, il soumet ce code à la Chambre des députés. La SGDL fait ainsi entrer la création artistique dans le siècle du commerce et du marché. Cette révolution qui reconnaît la propriété artistique ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. Même de la part des artistes. Sainte-Beuve, célèbre pour ses critiques littéraires, raillait ainsi « ce compagnonnage ouvrier et ces maréchaux de France de la littérature qui offrent à l’exploitation une certaine surface commerciale ».
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