Gaetano di Martino
Né à Naples en 1922, Gaetano di Martino est issu d’une famille d’artistes. C’est son père, sculpteur aux Beaux Arts et au Musée National de Naples qui l’initie à la pierre dès son plus jeune âge. Il exerce le métier de sculpteur, puis en 1950, se met à la peinture. Ses œuvres, des paysages, natures mortes et portraits, sculptent les couleurs dans une dimension elliptique, comme pour forcer le regard à toucher l’espace invisible, la forme de l’absolu. En 1952, il quitte Naples pour Milan.
C’est en 1960 qu’il s’installe à Paris où il commence à exposer ses toiles dans la galerie de Pierre Belfond. Un an plus tard, il renoue avec sa grande passion, la sculpture, qualifiée de Celte, d’Olmèque ou d’Etrusque. Son admiration pour l’astre solaire se traduit au travers de ses œuvres. En 1962, il expose pour la première fois à Paris au salon de la jeune sculpture qui a lieu au Musée Rodin.
En 1967, il travaille à Pietrasanta avec Penalba, devient ensuite le collaborateur de Lipchitz, ce qui lui apporte de grandes satisfactions et ainsi il se voit confier d’importantes réalisations pour des villes américaines.
Quelque temps plus tard, il s’établit à Marchemoret et se consacre à sa propre sculpture. Ses œuvres sont exposées, aussi bien au Mexique, au Danemark, en Italie, à la Guadeloupe que dans notre région, en Seine et Marne : Villeparisis, Saint-Thibault des Vignes, Meaux.
Il a découvert Clisson en 1987. A partie de cette date, pour lui « l’autoroute de la Loire Atlantique devint pour moi la route des vacances, trois ou quatre fois par an, j’ai passé quelques jours de repos en me gargarisant la gorge pour le plaisir du changement d’air et de climat ».
Son parcours s’est terminé à Clisson en 2006 où il repose désormais.
Ce sculpteur italien aimait à se définir comme un "sage-fou" ou bien comme "un touriste interstellaire qui vole ou navigue toujours sur les eaux tumultueuses de son existence".
Au travers de la pierre, "dernière lumière des ténèbres", ce tailleur d'image ne cherchait pas à dire quelque chose mais seulement à exprimer l'émotion qui le traversait. Son humanité était telle ses oeuvres, authentique, puissante,... tellurique
Extraits d'un discours de Gaetano di Martino sur son oeuvre:
Lettre d’un sculpteur
"J’ai toujours cru qu’à l’origine, l’artiste, quelle que soit sa discipline, porte, dès sa naissance, un germe créateur qu’il mûrit dans son corps et dans son esprit.
La famille, la société, la culture, la technique, souvent, peuvent mutiler et pervertir ce capital d’énergie vitale et détruire cette étincelle divine.
Mais le vrai artiste s’imposera contre tous, il s’éloignera et survivra à sa propre aspiration, avec tous les risques que celle-ci comporte.
J’ai du mal à imaginer qu’un artiste puisse se fabriquer comme n’importe quel robot ou par le souffle d’un sorcier. Mais je crois que l’artiste, à partir de son acte créateur, au-delà de toute convention banale, sans obscurcir la pure lumière de son inspiration, doit acheminer son œuvre dans l’amour : j’ai choisi la pierre."
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"J’ai adopté pour Maîtres les primitifs, les Aztèques, les Etrusques.
Et ils m’ont initié à chercher, avec l’esprit, la profondeur de la pierre.
Cela ne veut pas dire que je m’enfonce dans le brouillard des traditions. Au contraire, sur de solides bases, je cherche dans le conflit qui s’oppose à ma conscience : le passé plein de culture, au présent éphémère et à l’incertain avenir, afin de concrétiser dans la pierre le signe de mes incertitudes méditatives. Images mystérieuses de mes rêves.
Il me semble qu’un artiste n’est jamais bien compris ni bien expliqué. Il est vrai que beaucoup de « cultivés ignorants », croyant expliquer l’œuvre et la vie de l’artiste, inconsciemment s’assimilent à tort à celui-ci."
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"Je n’ai pas l’impression d’être un martien ou de venir d’une autre galaxie, malgré le monde dans lequel je vis, envahi d’inquiétudes, de terreurs, d’espoirs sans espoir, où seule la combine masquée d’honorifique stérilité se partage le pouvoir de l’arriviste.
Je suis fier d’être un sculpteur sur pierre, qui dans un matériau hostile, cherche à pénétrer, avec toutes ses forces intérieures, dans le mystère de la création.
C’est la raison pour laquelle je ne veux pas admettre qu’un homme ou une femme, sans avoir connu dans sa vie ce qu’est la pierre, débarque à Carrare ou dans un pays de la pierre et, après quelques mois, revienne avec des expositions et des présentations de critiques très élogieuses. " .......
Le scribe ( parvis des Archives de Bobigny)
Sources : article : « Les gens d’ici » dans Le Journal du canton 1989 et catalogues d'exposition (documents donnés à La Société d’Histoire de Villeparisis par Madame Elise Marchois)