Le cinéma Le Colisée
Témoignage de Monsieur Robert Emmanuel, Villeparisien, recueilli et rédigé par Aline Buffet, publié dans le numéro 31 du bulletin de liaison de l’association « Villeparisis et son passé »
« Le Colisée, maintenant fermé, a dû ouvrir ses portes vers 1935/36 avec un premier film : Les Bas-Fonds , en noir et blanc. Pour l’époque c’était une très belle salle, d’environ 600 places avec des fauteuils de bois à l’avant et rembourrés vers l’arrière. Le sol était en légère pente, ce qui permettait à chacun de mieux voir. Il y avait 2 loges en arrondi, comportant une quinzaine de places chacune et un grand balcon en gradins.
Ce cinéma était très fréquenté, beaucoup de Villeparisiens ont frotté leurs fesses sur le velours des fauteuils. Pour ma part, avec les copains et copines, nous y avons passé le temps d’une dizaine de séances. A l’entracte, les ouvreuses, coiffées de leur petit chapeau rouge, le panier en bandoulière vendaient bonbons, esquimaux , chocolats, etc et ne refusaient jamais le petit pourboire que l’on donnait pour se faire placer. Les enfants s’installaient eux-mêmes et n’avaient droit qu’aux places à l’avant, sauf si les parents voulaient bien payer le prix des places appelées « fauteuil ou balcon ». Plus tard, pendant la guerre, il y eut des galas au profit des prisonniers. Il y venait des vedettes d’une certaine importance et cela se terminait par une vente aux enchères dont les bénéfices augmentaient les fonds pour envoyer des colis aux prisonniers retenus en Allemagne. Je me souviens d’une « bagarre » terrible à coup d’enchères de plus en plus fortes pour obtenir un superbe vélo, entre M.Frémont (grainetier vers la Gare) et M Petit ( boucher dans le même quartier).
Les séances du cinéma se composaient d’un petit film sur les actualités, avant l’entracte, ensuite, le grand film en noir et blanc (jusqu’à la période d’après guerre, avec l’apparition du technicolor). Ce cinéma appartenait à Monsieur Carré qui l’avait fait construire à la place de son ancien « Bar-Tabacs » ; il avait reconstruit ce dernier à l’angle de Gaulle-Mistral, où il se trouve toujours. Madame Carré s’est occupée de ce café pendant de longues journées et de longues années. Pendant de longues années aussi, M &Mme Depreux ont assuré la gestion du Colisée. »
CP : F.Gagnepain